jeudi 26 mai 2011

Le soleil de Barcelone inonde les quais de Bercy.

"Che-Su-da-ka, Che-Su-da-ka, Che-Su-da-ka..."



Je l'entends encore d'içi, le public portugais, crier ce nom que je ne connaissais pas.
Che Sudaka, avant d'être un groupe de musique, ça a été une drôle de rencontre coté coulisses avec Léo qui s'est approché pendant les balances, avec sa guitare en bandoulière et un immense sourire, pour dire bonjour, échanger quelques mots. Et pour savoir si je connaissais "la première partie de Gogol Bordello".
A ce moment là, j'ai piqué du nez et découvert un trou dans mes chaussures en toile, m'écoutant lui avouer que malgré le fait que l'on m'en ait parlé en bien, souvent, je n'ai pas poussé la curiosité jusqu'à aller écouter un ou deux morceaux... "Ah! et bien tu vas découvrir ce soir, sur scène, c'est génial! Tu nous diras comment tu trouves! Et si ça te plait, on se voit à Paris la semaine prochaine!! Enfin, si tu aimes hein, t'es pas obligée..."
Voilà comment ça a commencé.




Et puis, je suis descendue dans la fosse avec Thomas, histoire de m'y frotter.
Vous savez, c'est comme gouter pour la première fois un dessert que l'on vous à beaucoup vanté. Vous avez un peu peur d'être déçu, vous appréhendez la première bouchée, vous tournez autour du pot, hésitant encore quelques instants. Comme leur dire, après? Et puis...
Et puis dix minutes plus tard, vous êtes conquis. Il n'en reste pas une miette.
Aux sons des guitares, les morceaux se succèdent et à cela s'ajoutent les images que je garde, celles du public autour de moi, se laissant emporter dans un chaud corps à corps. Je me souviens des sourires.




Che Sudaka, c'est Barcelone et l'histoire des heureux hasards des rues du Barri Gotic, au début des années 2000. C'est la rencontre, dans un quartier qui vit au rythme des artistes de rues, d'une poignée de musiciens argentins et colombiens autour d'une même passion, la musique. Aujourd'hui, Léo& Kacha, les deux front-man entourés de Cordoba à la basse, de Jota à la guitare, de Sergio au clavier et d'Anthrax à la batterie. Sans oublier ceux qui travaillent dans l'ombre : Mario &Marc.
‘We all had done something in our original countries, and we’ve stuck with popular folklore.’
Nés sous une bonne étoile, ils croiseront la route de Manu Chao - qui les mettra en avant sur la compilation "La Colifata" en 2002 avec "Sin Papeles" - et de Gambeat (Radio Bemba) qui produit désormais leurs albums... Voyez le chemin qu'ils ont parcouru : ils viennent de célébrer, "à la maison", leur 900ème concert d'une "tournée" qui leur a fait traverser 22 pays. Et ils ne comptent pas s'arrêter là... Ce qui n'est pas pour nous déplaire.



Che Sudaka a grandi. Bientôt 10 ans.
Avec un fond politique assumé et revendiqué, ils défendent une identité et des valeurs, notamment autour de l'immigration. C'est ce qu'ils ont été : des immigrés sud-américains ("sudakas" est un mot péjoratif utilisé en Espagne pour les désigner), clandestins, et qui ont fait de la rue leur première scène - pour se faire entendre et pour se nourrir.
C'est là qu'ils ont commencé, et ils ne l'oublient pas. Ils entendent bien se servir de leur musique pour faire se faire une place dans la société, en tant que musiciens. Et qu'importe la barrière de la langue, ils ont bien compris que leur musique et que leur attitude transmet une grande partie de ce message, au moins le respect, l'espoir et un certain sens de la fête.
‘It was the only job we could do when we arrived because we had neither money nor documents. It was also the only thing we knew how to do,’ points out Leo.
De leurs débuts, ils gardent cet optimisme qui leur a permit de se faire une place sur la scène européenne, des plus petites salles aux grands festivals, du bar Mariachi aux Solidays. Et cette envie de faire de la musique partout, tout le temps et de la partager. Dans la rue bien sur, sur scène évidemment, mais un peu partout : sur une aire d'autoroute, à la terrasse d'un café, dans le train ou dans le bus, .. On sent que leur plaisir est authentique, ce qui ne va pas nous gâcher le nôtre!


Mais ça semble toujours un peu court, une première partie, quand c'est bon; et je ne pouvais pas en rester là.
Alors bien sur, entre deux avions, je suis rentrée pour leur concert parisien sur les quais de Bercy. De cette longue nuit, je retiendrai la proximité du groupe avec son public, formant une petite communauté que l'on retrouve avec plaisir de villes en villes, une sorte de famille itinérante avec laquelle on partage repas et musique, souvenirs et projets, continuant sur une route qui n'est pas encore très bien tracée, se construisant au gré des rencontres.
Le Nix-Nox, c'est une scène qui n'en est pas vraiment une, partagée rapidement avec un public, allant des habitués aux petits curieux qui se sont laissés embarqués par des copains, et tous sont très agité et très réceptif. Et très respectueux Et le groupe a cette simplicité et cet esprit festif qui donne envie de prolonger encore un petit peu la fête.






Leur musique, joyeuse et festive, vit et résonne, mélangeant les rythmes du reggae, du rock alternatif et du ska rappelant l'influence majeure qu'est Manu Chao. Che Sudaka, c'est la volonté de se lever le matin de bonne humeur avant même de prendre son sacro-saint café, c'est un peu d'espoir au regard des actualités un peu grises, c'est le soleil dans le métro parisien. Che Sudaka c'est une fête sans fin qui ramène l'été dans ton salon.
"C'est un groupe pour embellir les journées et se réveiller du bon pied. Au cas ou l'on finirait par interdire la danse, la musique et les chants, à incarcérer les guitares et confisquer les percussions, ils seront toujours là pour nous rappeler que la musique guérit les maux et que les musiciens sont les médecins de l'âme."




Il ne vous reste plus dès lors, qu'à entrer dans la danse.
Et comme dirait Léo : "ARRIBA LA VAINA!!"

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