jeudi 2 juin 2011

There is no God.















- Comment tu t'appelles?
- Soledad.
- "solitude", c'est cela qui nous unit?

Amorosa Soledad, 2008
Martin Carranza & Victoria Galardi


Amorosa Soledad, c'est un peu l'histoire de toutes les filles.
Il y a de ces ruptures après lesquelles on erre en silence dans un appartement qui semble soudain immensément vide, cherchant en vain a réaménager l’espace comme on réorganise sa vie, sans l’autre. On se moque de l'heure et du temps qui défile à l‘extérieur, restant silencieuse devant une photo ou pleurant raccrochée au téléphone comme à une bouée, abandonnée à la mélancolie.
Et puis soudain comme un signe, la plomberie lâche, et on renonce. On se retrouve en exil, trônant sur les toilettes comme sur une île déserte déjà trop petite. Partout déjà, l'eau mêlée aux larmes inonde le cœur, la salle de bain.

Et cette idée saugrenue : et si on restait célibataire pendant deux ou trois ans pour se donner le temps de savoir qui l’on est, pour apprendre la solitude.

Et ça tombe bien, Soledad (« solitude » en espagnol) c'est son prénom, à cette anti-héroïne que nous pourrions être. On entre dans son intimité comme dans l'appartement d'une copine qui vient de se faire larguer, et que l'on découvre effondrée sur son canapé. On voudrait lui dire de se réveiller et d‘arrêter de se morfondre, bref : la secouer un peu. Au lieu de cela, elle essaye de se convaincre - et nous avec - que sa décision va la sauver.

Cette légère comédie pleine d’ironie en devient presque initiatique. Nous sommes à la période charnière, celle un peu douloureuse de l‘acceptation de la fin d‘une histoire. Juste avant de se rendre compte qu’il faut aller de l’avant et que demain est un autre jour.
Demain, l’avenir. Une rencontre dans un café avec un homonyme de l‘ex que l‘on fuit. Et finalement, tout est prêt à recommencer.

Premier film de Martin Carranza & Victoria Galardi, Amorosa Soledad est à l’image du nouveau cinéma argentin : une petite fantaisie pleine de douceur et de fraicheur, mais surtout pleine d’espoir qui transfigure à travers le visage rayonnant d’Inès Efron, que l‘on voit partout. Un scénario simple et honnête qui s’intéresse à son sujet, l’imaginaire de l’amoureuse et la-dite amoureuse. Le film devient alors un portrait sensible et tout en nuances d’une jeune femme fragile (son hypocondrie la rassurerai presque d‘être encore en vie) un peu à l’image du Punch Drunk Love - Ivre d’amour de Paul Thomas Anderson. L’esthétique y est soignée, mais comme lui, il souffre de quelques moments de flottements où l’on regarde presque les sentiments se faire et se défaire, et le temps passer avec.

« la plus belle histoire d’amour… c’est la prochaine »


Et puis, si ce joyeux et jeune cinéma argentin vous fait du gringue, alors sachez qu’en ce moment au cinéma, il y a Medianeras de Gustavo Taretto, toujours avec Inès Efron. On m’en dit grand bien et je reviendrai surement écrire quelque chose dessus quand je l’aurai vu.



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